Le bar était fermé, c'est normal il n'était que 14 heures de l'après-midi après-tout. J'étais arrivé dans cette ville depuis un mois déjà et je devais dire que je m'en sortais assez bien, pour la forme j'utilisais un autre nom de famille (mon second prénom devenait d'une utilité merveilleuse), Oakley de sorte que personne ne pouvait me reconnaître comme le sorcier puissant que j'étais. Enfin, c'était plutôt étrange à dire puisqu'en quelque sorte je n'étais pas puissant, je n'utilisais pratiquement jamais mes pouvoirs. Je ne le faisais que lorsque je n'arrivais plu à contrôler ma rage. Même si j'avais l'air en colère le plus clair du temps selon mes clients peu réguliers, rien n'était comparable à mes éclats de pure haine. Flynn était venue me rendre visite ce matin pour recevoir son chèque en avance, normalement je n'accordais pas de tels demandes, sauf que je ne pouvais rien lui retirer à cette femme parfaite. Oh, pas besoin de me rappeler son âge je savais très bien que j'étais beaucoup trop vieux pour elle. J'étais en train de faire les comptes du club, avec le boombox à fond la caisse jouant un vieux CD des années 90s. Pas besoin de vous dire que niveau télé ou radio, les ondes étaient très minables. Abbey Mount était une des seules villes encore potables sur pieds et à moins de se créer notre propre télé journal, il n'y avait aucun poste à regarder. Ma cigarette semblait se fumer d'elle-même. J'étais débraillé, comme à peu près à tous les jours à cette heure qui était pour moi assez tardive. J'entendis la porte à grands battants s'ouvrir derrière moi et je ne daignai même pas me retourner, jurant: « On est fermé, revenez plus tard! » Je ne me retournai pas pour le moment, attendant le moment fatidique où j'entendrais les portes s'ouvrir à nouveau pour signaler que l'individu me laissait tranquille. Peut-être pensez vous que je n'étais pas très sur mes gardes et vous auriez raison. Normalement, je n'avais rien à craindre puisque ma plus grande vermine était endormie à cette heure. Sauf qu'il restait l'autre genre, celle qui n'était pas dans l'obligation de vivre au rythme de la lune. Personne ne me connaissait ici, personne sauf ceux qui auraient pu connaître mon véritable nom. Grognant, je me retournai pour croiser le regard émeraude d'une femme rousse. Aussitôt, mes prunelles s'agrandirent sur l'effet de surprise. Je reconnaissais la couleur de cette chevelure, les McKrellan avaient une réputation qui les précédaient. J'étais certain qu'elle savait qui j'étais, qu'elle venait pour me tuer. Mon sang pompait à toute allure dans mon coeur et je me levai de mon tabouret pour me retrouver près d'elle en un instant. Avec force, je plaquai mes mains contre son cou et la forçai entre le mur et mon corps chaud. « Tiens donc, une McKrellan! Crois-tu pouvoir venir me cerner dans mon propre club peut-être? »

Sloane ne travaillait pas aujourd’hui. Quand elle était en congé, elle ne savait pas quoi faire de sa peau, vu qu’elle laissait la chasse de côté, elle s’ennuyait de pied ferme. On ne renie pas sa nature, Sloane avait la chasse dans le sang, sa famille avait la chasse dans le sang, spécialité : le vampire. Sa famille avait peut être chassé quelques sorciers mais il y a fort longtemps, depuis des siècles, ils étaient réputés pour chasser le vampire, juste le vampire. Mais, cela faisait bien longtemps que Sloane avait renié la chasse, depuis la mort même de sa mère, là où d’autres se seraient acharnés d’avantage, elle avait reculé, c’était un choix. Aujourd’hui, quand elle se retrouvait en chasse c’était par obligation. Cet après midi là, elle était en quête d’un nouveau logement, le sien était… réellement sinistre. Réellement, délabré, invivable, et qui plus est, elle tenait à changer de lieu de vie régulièrement, on est jamais trop prudent. Elle marchait dans la rue d’Abbeymount, le jour, il n’y avait pas grand-chose à craindre, sauf les sorciers, mais s’ils ne savent pas que vous êtes inquisiteurs, vous avez toutes les chances de votre coté. Sloane avait vu une annonce concernant un appartement dans cette rue, mais hélas, rien ne correspondait à l’adresse qu’il y avait écrit, elle cherchait quelqu’un pour avoir des informations, elle ne vit qu’un bar, fermé, mais avec visiblement quelqu’un à l’intérieur, elle décida d’aller se renseigner, un petit renseignement n’a jamais fait de mal à personne. « On est fermé, revenez plus tard! » Elle se racla en quasi silence la gorge, s’apprêtant à poser une question au tenancier du bar, une question des plus simples concernant une adresse, juste une question. Elle attendit qu’il se retourne, par politesse. Cependant, elle ne s’était absolument pas attendue à être « attaquée » de la sorte. Il se retourna pour lui faire face, cet homme avait tout au plus trente cinq ans, maximum, et elle ne l’avait jamais vu. Sans qu’elle eut le temps de dire « ouf », il s’approcha d’elle avec une fulgurante vitesse, pour le presser avec un main au cou contre le mur. Tiens donc, une McKrellan! Crois-tu pouvoir venir me cerner dans mon propre club peut-être? Elle ne pu répondre, car il lui faisait un mal de chien, pire, sa respiration était saccadée, au point qu’il était à deux doigts de l’étouffé. Et puis, la première chose qui lui vient à l’esprit fut deux mots, elle réussi à les articuler faiblement : Lâchez-moi ! Elle toussota. Sloane avait beau être une fille, elle avait de la force, c’était à cause d’année d’entrainement, et elle continuait de se maintenir en forme. Elle ferma les yeux une seconde, plissant les yeux, et usa de sa télékinésie pour le repousser, même juste un peu, à un petit mètre de là. D’un reflexe, elle attrapa une chose – n’importe quoi – et le pointa vers lui, ce n’était qu’un verre, mais c’était un pur réflexe. Elle lui dit alors : Tu es qui ? Qui pour savoir qui je suis, et qui pour croire que tu es assez important pour que quelqu’un prenne la peine de venir t’éliminer ? Elle n’était guère menaçante, cela pouvait le faire rire elle s’en moquait. Qu’il ne s’avise pas de lui refaire du mal, Sloane allait devoir user de ses pouvoirs, et elle n’aimait pas ça du tout. Elle gardait son verre dans la main – histoire d’avoir quelque chose dans sa main – et tint avec son autre main sa gorge, qui lui faisait mal, c’était idiot avec serré comme un malade. Sloane était fragile mine de rien, une fille qui manquait d’entrainement, pars forcément capable de faire le poids contre un sorcier de son envergure.

Je savais très bien que les McKrellan avaient toujours été reconnus pour leur technique de chasse quasiment immanquable contre les vampires. Même si leur cible n’était rarement les sorciers, je ne pouvais m’empêcher de sauter sur mes grands chevaux alors que je reconnaissais la chevelure flamboyante de cette famille d’inquisiteur. Quand mes parents étaient toujours en vie, ils nous avaient éduqué ma sœur et moi à ces familles pour que l’on sache les reconnaitre et se défendre. La famille de la rousse était assez connue pour que je m’en rappelle, que les amis des sorciers Tragger leur ai montré une photo de famille prise il y avait des années de ça. Personne dans cette ville ne savait que le propriétaire du Palladium était un sorcier et il préférait que ça reste ainsi. Comme ça, il n’avait pas à surveiller ses arrières contre les inquisiteurs. Et il avait également la chance d’avoir une ou deux vampires dans son corps d’employé alors ils pouvaient le protéger s’il le fallait. Il passait pour un simple humain, bien qu’un homme avait un très grand pouvoir étant donné qu’il tenait le club le plus en vue (et aussi le seul sur pied) de tout Abbey Mount. Cette femme représentait un grand danger pour ma réputation ainsi que ma survie. Normalement je n’agissais plus aussi frivolement, me retenant pour la simple et bonne raison que je ne pouvais pas éclater de colère. Je l’avais plaqué contre le mur alors qu’elle me semblait si frêle, mes prunelles pouvaient lire l’incompréhension dans ses yeux. Lâchez moi. Me dit-elle, sans que je n’esquisse d’un poil. Cependant, je me ressentis tiré vers l’arrière, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Inquisitrice. J’en étais certain. Elle était tout sauf menaçante, avec ce verre à la main et pourtant je ne pouvais m'empêcher d'être sur les gardes. Je savais que je ne pouvais pas lui faire confiance, sauf qu'elle me semblait réellement perdue alors que je lui disais toutes ses allégations. Tu es qui ? Qui pour savoir qui je suis, et qui pour croire que tu es assez important pour que quelqu’un prenne la peine de venir t’éliminer ? Mes sourcils étaient froncés, elle parlait réellement comme une tueuse pourtant mes sens si lointain étaient toujours aussi fiable. Je me me mis à sourire, puis à me détendre et même un rire finis par percer mes lèvres lentement. Je n'avais pas ris depuis je ne sais combien de temps, après tout je n'étais pas ce genre d'homme. Mais là, cette situation était réellement risible, Une Mckrellan qui n'allait pas sauter sur l'occasion afin de me tuer? Un miracle. Je n'sais pas si je vais m'ouvrir la bouche maintenant que j'ai vu que tu n'étais pas très douée. Je la reluquai de haut en bas, pourquoi toutes les femmes qui tournaient autour de moi étaient si jeunes, ça faisait mal au coeur! Je croisai les bras et ajoutai: Toi aussi t'as été élevée sans famille ou quoi?

Sloane n’était pas très doué quand il s’agissait de se servir de ses pouvoirs à la va vite, il lui fallait un certain temps pour se concentrer. Elle ne savait pas qui il était, ni même ce qu’il était, quoi qu’l arrive, il n’avait rien de quelqu’un d’amicale. Elle n’était pas menaçante avec un verre, mais qu’il approche, et elle se défendrait, s’il craignait le feu, il allait être servi. L’homme fronça les sourcils, comme s’il était presque déçu de ne pas avoir été reconnu. Le fixa quand il se mit à sourire, puis à rire. Sloane continua de la fixer, l’air sombre, puis il dit : Je n'sais pas si je vais m'ouvrir la bouche maintenant que j'ai vu que tu n'étais pas très douée. Elle serra les dents et referma sa main sur son verre, sa seule véritable arme. Elle le dévisagea, qui était-il pour la prendre de haut de la sorte ? Oui, qui était-il ? Elle n’était pas douée ? Il ne dirait pas ce quand il tâtera de sa pyrokynésie. Pas douée, moi ? Vas en enfer. Pesta-elle les dents serré, et les lèvres semi ouverte. Elle le fixait, puis il ajouta alors : Toi aussi t'as été élevée sans famille ou quoi? Elle n’appréciait guère qu’il la reluque de bas en haut, comme si elle était une bête de foire, ou comme si elle était un objet de convoitise. Les hommes avaient tendance à prendre les femmes pour des objets, et elle détestait cela. Mais pour qui se prenait-il celui là ? En plus de la reluquer librement, il se permettait de lui faire une remarque de la sorte ? Sloane avait été élevée par son père, et ce après la mort de sa mère, elle savait se défendre, plus qu’il en était nécessaire, que ce type ne vienne pas lui poser ce genre de question, elle rétorqua alors froidement, en se déplaçant sur la droite, histoire de pouvoir le contourner sans encombre jusqu’à la porte de sorti : Qui es-tu pour me poser cette question ? Elle était sur ses gardes, elle lui posait des questions tout en songeant à sa fuite. Oui, Sloane était douée en ce qui concernait la fuite, même très douée ; elle avait passée sa vie à courir, et à fuir, et cela n’allait pas changer aujourd’hui, pas le moins du monde. La fuite. Bonne idée. D’un geste rapide, et vif elle jeta avec sa force le verre sur l’homme qui se trouvait face à elle, une simple diversion mineure, mais sans doute suffisante pour lui laisser l’occasion de fuir. Elle n’avait pas envie de rester ici, moins elle passait de temps en compagnie de cet homme, mieux elle se portait. Elle réagit, vite, rapidement – sans doute pas assez rapidement – et contourna une table pour se diriger vers la sortie. Elle priait pour être assez rapide. Mais, il était un sorcier, alors peut de chance qu’elle s’en sorte aussi facilement, mais elle savait se battre, qu’il essaye de l’arrêter, et Sloane allait sorti ses pouvoirs de ses poches, elle n’était pas aussi peu douée qu’il le croyait, mais, le fait qu’il la croit peu doué était un avantage, croyez moi.